Traitement de la grippe : utilisation des inhibiteurs de Neuramidase

Le CRATB (centre de référence en antibiothérapie ) PACA alerte sur l’augmentation des indicateurs syndromiques concernant la grippe au cours de la S52 (du 23 au 29 décembre) en France hexagonale, en particulièrement dans notre région.

La proportion de passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal (5,4 %) a dépassé le niveau du pic épidémique de l’an passé et a atteint celui d’il y a 2 ans au niveau régional. 

Il semblerait qu’au niveau de la prise en charge dans les EHPAD, très peu de ces établissements déclarent avoir mis en route un traitement par inhibiteur de la neuraminidase, que ce soit pour les cas ou en prophylaxie.

Dans ce contexte, nous rappelons les recommandations du  HCSP sur l’utilisation ciblée des inhibiteurs de la neuraminidase (INA) et quels que soient les antécédents vaccinaux : RECOMMANDATIONS DU HCSP (16 mars 2018)

Traitement curatif chez les personnes symptomatiques dans les situations suivantes :

Personnes à risque de complications, âgées de 1 an et plus, y compris les femmes enceintes, ciblées par la vaccination ;

Personnes présentant une grippe grave d’emblée ou dont l’état général s’aggrave selon l’appréciation du médecin ;

Personnes dont l’état justifie une hospitalisation pour grippe.

L’efficacité du traitement étant corrélée à la précocité de son administration, il doit être initié le plus rapidement possible, sans attendre le résultat du test de confirmation virologique du diagnostic s’il a été réalisé.

Un traitement préemptif par les INA, c’est-à-dire à dose curative, chez les personnes : 

Encore asymptomatiques mais jugées à risque très élevé de complications grippales par le médecin, et en contact étroit avec un cas confirmé ou cliniquement typique de grippe : par exemple les personnes présentant des co-morbidités graves et/ou instables, comme les affections cardiopulmonaires graves ou les personnes immunodéprimées, qu’elles vivent ou non en collectivité.

Ce traitement doit également être initié le plus rapidement possible sans attendre le résultat du test de confirmation virologique du diagnostic s’il a été réalisé.

Bien qu’il s’agisse d’une prescription hors AMM, le HCSP estime que le rapport bénéfice/risque est très en faveur de ce traitement chez ces patients. En effet, un traitement post-exposition à demi-dose exposerait à un risque de manque d’efficacité et d’émergence de virus résistants si le patient devient symptomatique.

Un traitement prophylactique en post-exposition par les INA :

Uniquement chez les personnes jugées à risque de complications âgées de 1 an et plus y compris les femmes enceintes, ciblées par la vaccination, après un contact étroit datant de moins de 48 heures avec un cas confirmé ou présentant une symptomatologie typique de grippe

En collectivités de personnes à risque (ex : collectivités de personnes âgées)

Le HCSP recommande, en cas de situation de contingentement des antiviraux (INA), que :

Leur prescription chez les personnes âgées de plus de 65 ans, pourtant éligibles à la vaccination, ne soit pas systématique mais soit appréciée au cas par cas, en fonction de la présence ou non de facteurs de co-morbidité.

Adaptation de posologie en fonction de la fonction rénale

Traitement curatif : dose selon la clairance de la créatinine
> 60 (ml/min) 75 mg x 2 par jour
> 30 à 60 (ml/min) 30 mg (suspension ou gélules) x 2 par jour
> 10 à 30 (ml/min) 30 mg (suspension ou gélules) x 2 par jour
≤ 10 (ml/min) Non recommandé (absence de données disponibles)

Patients hémodialysés :  
30 mg après chaque séance d’hémodialyse

Patients sous dialyse péritonéale : 
30 mg (suspension ou gélules) en une seule prise

Prophylaxie : dose selon la clairance de la créatinine 
> 60 (ml/min) 75 mg x 1 par jour
> 30 à 60 (ml/min) 30 mg (suspension ou gélules) x 1 par jour
> 10 à 30 (ml/min) 30 mg (suspension ou gélules) x 1 tous les 2 jours
≤ 10 (ml/min) Non recommandé (absence de données disponibles)

Patients hémodialysés :  
30 mg après chaque séance d’hémodialyse

Patients sous dialyse péritonéale : 
30 mg (suspension ou gélules) : 1 fois par semaine

 Il n’est pas recommandé de réaliser un bilan pour adapter le traitement mais d’utiliser la dernière biologie avec dosage de la créatinine disponible.